Ayé ! Les petits gars de Treyarch nous reviennent avec des galettes de leur nouveau FPS plein les poches et autant dire que la nouvelle donnait de quoi claquer des genoux. Le studio n'en est pas tout à fait à son premier essai lorsqu'il s'agit de se faire une place au soleil des champs de bataille : Call of Duty 3, Call of Duty 5 : World at War... autant de tentatives, autant de coups dans l'eau. L'aura médiocre qui nimbait déjà Treyarch n'est d'ailleurs allée qu'en s'épaississant depuis qu'Infinity Ward a écrasé le champignon avec la série Modern WarLOLfare.
Je ne sais pas, alors, ce qui m'a poussé à l'achat du titre dès sa mise à disposition. Réflexe boulimique ? Curiosité morbide ? Une greffe de foi peut-être ? Une chose est sûre : grand bien m'en a pris, car ce Black Ops pourrait bien marquer l'arrivée à maturité du travail de Treyarch. Très honnêtement, je pense qu'ils n'en finissaient plus d'attendre.
PLEASE ALLOW ME TO INTRODUCE MYSELF
Le menu d'ouverture tranche net dans les poncifs de la saga. Vue subjective sur une salle d'interrogatoire glauque au possible, une seringue vide gisant non loin sur un plateau d'intervention. Un coup d'œil alentours pour constater que le héros encore anonyme est sanglé sur sa chaise. Okaaaay, je ne sais pas pour vous, mais pour moi ça vaut tous les écrans d'accueil à base de soldats cool avec des explosions cool derrière eux. C'est plutôt très intriguant, de surcroit. Gogogadgetoclick-sur-campagne.
Cette salle d'interrogatoire fera office de hub entre chaque chapitre, les missions étant en fait des bribes de souvenirs qui seront soutirées au malheureux cobaye entravé ici-bas, nom de baptême Alex Mason. Pour sûr, l'animal a quelques faits d'armes plutôt sympathique à relater : Cuba et sa Baie des Cochons, les kolkhozes des Sibérie, les fricassées de Viêt-Cong les pieds dans l'eau... De quoi rigoler sous des déluges de cartouches gros calibre. Le contexte historique de Guerre Froide offre un très bon terrain pour développer des enjeux purement fictionnels : Mason sait des choses vitales à la sécurité du pays, mais ne pipe mot. De quoi titiller la curiosité et une bonne fois pour toute : tisser un lien avec le héros. Dans un Call of Duty, oui. Une série qui m'avait toujours laissé un arrière-goût de schizophrénie perturbant : G.I un jour, Kamarad le lendemain et à chaque fois des coquilles vides, prétextes à faire du trekking aux quatre coins du globe. J'ai besoin de m'attacher moi monsieur, c'est pour ça que j'aime tant Quantic Dream (olol)
WHAT'S PUZZLING YOU IS THE NATURE OF MY GAME
Ce parti pris narratif reste pourtant à double tranchant : si j'y ai trouvé mon compte point de vue affect, nul doute que d'autres seront exaspérés de voir une mission interrompue tout net au simple motif que l'interrogateur en aura décidé ainsi. Frustrant, jusqu'à ce que les pièces du puzzle commencent à s'assembler. Pas époustouflant, ni cousu de fil blanc, le dénouement à le mérite de jouer la carte de l'originalité vis à vis du reste de la série.
Niveau gameplay, Treyarch fait confiance à la mouture historique CoD et a son ingrédient principal, j'ai nommé le script. Un défonçage de porte en duo, un coéquipier qui surgit par une fenêtre pour neutraliser un gêneur sous nos yeux, tout est mis en place pour dynamiser l'expérience de jeu à grands renforts de super slow motions et de distorsions sonores. Côté dose légale d'epicness, le studio tire les leçons du kouglof sauce raclette World At War : le trop est l'ennemi du mieux, lui même ennemi du bien. La tension est donc cultivée sans être indigeste et le jeu s'accorde des moments de respiration. Et ça, c'est effin' bien !
Pourtant, tous ces ronds de jambes ne sauraient dissimuler une aventure extra linéaire. Shooter sur rail ? Pas bien loin. Mais sympa, le rail.
WHEN AFTER ALL, IT WAS YOU AND ME
Une campagne solo de qualiter c'est bien. On s'amuse 6-7 heures (un poil plus long qu'un Modern Warfare, tout de même) mais ce n'est pas ça qui amortira les 60€ d'investissement. On veut du multi qui poutre et Treyarch semble l'avoir bien compris. On retrouve donc les bases du multi de la saga (barre d'XP, grades, équipement déverrouillé au fur et à mesure, atouts) articulées autour d'une douzaine de cartes plutôt bien senties. La première différence notable vient du système monétaire en CoD points : la prise de galon rend certains équipements accessibles mais il vous faudra dépenser des CoD points pour les acquérir. Une trouvaille qui permettra non seulement aux vétérans de MW de s'équiper rapidement selon leur stratégie, mais aussi d'introduire un mode de jeu qui risque de faire tilter les poker addicts. Les Wager Match, donc, sont des parties centrées sur le principe des paris : les joueurs misent des CoD points sur l'issue des manches. De quoi refaire son stock de fusils mitrailleurs avant l'hiver en cas de gain. La compétition y est cependant très rude, aussi ce mode de jeu est réservé aux hardcore gamers et aux flambeurs de tout poil.
J'ai par ailleurs eu l'impression d'un mode multi largement mieux balancé que celui de Modern Warfare 2, Ô joie.
Au vu du passif de Treyarch avec la saga, ce Black Ops est une très bonne surprise. Sa campagne solo tente l'originalité, parfois jusqu'à en devenir difficilement lisible, mais reste truffée de séquences "Waou" du meilleur effet. L'intrigue inscrite en pleine Guerre Froide vous fera crapahuter dans des environnements variés et rencontrer quelques NPC (une fois n'est pas coutume) très charismatiques. Pas le meilleur Call of Duty, mais clairement la meilleure production Treyarch à ce jour. Nul doute cependant que le titre révèlera son plein potentiel grâce au mode multijoueur qui semble, lui, surpasser ses ainés.
* A mes compatriotes joueurs PC qui souffrent encore du vilain bug rendant le jeu impropre à la consommation jusqu'à patchage, j'envoie un message de courage. Je recommande également la VO, parce que Gary Oldman, point. Aux autres, ceux qui joueront à ce jeu sur console, je n'ai rien à dire. Car vous n'avez pas d'âme. Vous êtes roux, à votre manière. Voila.